autres, quelques modifications grossières et disparates, pour marquer les différences des tems et des modes, à proportion que le besoin s’en est fait sentir ; et souvent on a fait servir ceux qui avaient déjà éprouvé ces modifications à la composition des autres. Le désordre a été au point que quand accoutumé à l’usage de beaucoup de ces verbes, qui expriment chacun une manière d’être différente, on a imaginé d’en créer un qui exprimât l’ être, abstraction faite de toute manière d’ être particulière, celui-là aussi a été irrégulier, et a même souvent emprunté le secours d’un autre, pour former ses tems, tandis que tous tiennent de lui seul la possibilité d’en avoir. Alors la confusion a été telle, qu’il est devenu très-difficile de démêler ce qui fait qu’un mot est un verbe, ce que valent quelques-uns de leurs tems, et même si certains tems composés appartiennent à un verbe ou à un autre ; et par conséquent de savoir précisément ce qu’on dit quand on parle. C’est pourtant ainsi que nous parlons et raisonnons, souvent fort bien, mais toujours sans savoir comment. C’est-là un des plus remarquables
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