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pour en bien juger : l’un est celui où brillèrent les Grecs et les Romains, et l’autre comprend les trois ou quatre derniers siècles qui viennent de s’écouler, et qu’ont illustrés les recherches des différentes nations européennes. Ce qui les précède et ce qui les sépare se perd dans la nuit des temps, ou dans les ténèbres de l’ignorance.

Pendant la première de ces deux belles époques, les anciens ont commencé par les chefs-d’œuvre et les jouissances des arts et des lettres. Puis ils ont fait plus ou moins de progrès dans les sciences physiques et mathématiques ; ensuite dans la philosophie morale : enfin est arrivé pour eux, l’âge des sophistes, des grammairiens et des critiques. Chez les modernes, la marche a été et devait être à peu près la même : aussi, est-ce sur-tout dans ces derniers temps, que l’on s’est beaucoup occupé de grammaire raisonnée et d’analyse métaphysique.

On croit assez communément que c’est la lassitude et l’épuisement du génie qui produisent ce penchant à la réflexion et à la discussion ; et l’on regarde comme un signe de décadence l’apparition de cet esprit subtil et sévère, qui se portant à la fois sur les