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ressemblances, leurs différences, leurs liaisons, etc. ; mais elle en est une conséquence et ne saurait la précéder ni exister sans elle.

De cette faculté viennent toutes nos connaissances ; car si nous ne percevions aucuns rapports entre nos perceptions, si nous n’en portions aucuns jugemens, nous ne ferions éternellement qu’être affectés et nous ne saurions jamais rien.

Pour percevoir un rapport, pour porter un jugement, ce qui est la même chose, il faut avoir en même-temps deux idées distinctes ; mais il n’en faut jamais que deux.

Aussi une proposition, qui n’est autre chose que l’énoncé d’un jugement, n’a jamais que deux termes, le sujet et l’attribut. Le verbe est une partie de l’attribut ; il n’est pas un troisième terme ; ce n’est pas lui qui exprime l’acte de l’esprit qui juge ; la preuve en est que quand il est au mode infinitif, il n’y a pas de jugement énoncé dans la phrase.

Il n’y a pas de jugement négatif ; tout jugement est nécessairement positif, puisqu’il est une perception ; car on ne peut percevoir une chose qui n’est pas.

Aussi n’y a-t-il pas de propositions réellement négatives. Celles qui paraissent telles, ne le sont que par la forme : au fond elles renferment une affirmation.

L’affirmation de toute proposition se réduit toujours à celle-ci, que l’idée totale de l’attribut est comprise toute entière dans l’idée du sujet et en fait partie ; car tout jugement ne consiste toujours qu’à sentir