desire, on sent son existence, et voilà tout.
Mais qu’un hasard, quel qu’il soit, me fasse faire un mouvement, je le sens ; qu’une douleur quelconque me fasse remuer le bras, j’ai le sentiment que je me meus, j’éprouve la sensation de mouvement ; mon bras rencontre un corps, il est arrêté : je ne sais encore ni ce que c’est que ce corps, ni ce que c’est que mon bras ; mais ma manière d’être change : au lieu de la sensation de mouvement, j’éprouve celle de résistance : je ne puis les éprouver ensemble ; et elles sont trop opposées pour que, quand j’éprouve l’une et que je me rappelle l’autre, je puisse confondre cette sensation et ce souvenir. Je les distingue donc ; je sens entr’eux un rapport de différence, je porte un jugement ; en conséquence de ce jugement, j’en porte d’autres, je forme des desirs, etc. Ainsi c’est à cette époque que commence le développement de toutes nos facultés, et c’est à la seule sensation de mouvement que je le dois.
On ne saurait nier que ce raisonnement ne soit très-conséquent ; mais il part d’un principe qu’on ne peut établir par aucunes