s’apprêtait à baiser au front le jeune homme, beau comme un jeune athlète vaillant, à qui elle semblait assurer la paix du travail et la garantie des faibles. Dans les reliefs de l’arcade, on pouvait lire, d’un côté : La base du droit est la fraternité ; de l’autre : Sans bonté la Justice forfait à sa mission.
Jacquard sourit de nouveau et, courageusement, répondit au Président qui réclamait son avis :
— Ma foi, Monsieur le Président, cela me paraît bien peu établi. Je n’ai jamais eu beaucoup de confiance dans le raisonnement que nous ont apporté les témoins : ce doit être le prévenu, parce que personne d’autre n’est entré dans la boutique, après lui. Qu’en savent-ils ?
— De ce qu’ils savent, ils concluent que le coupable c’est le prévenu. Ça me paraît très sérieux, d’autant plus que cet homme a déjà été condamné pour vol.
— Hum ! fit Jacquard, Res judicata pro veritate…, c’est entendu. Mais qu’est-ce que nous connaissons de cette première condamnation ? À la supposer même hors de critique, n’est-elle pas un des éléments qui ont contribué à faire la conviction des témoins ? D’ailleurs, permettez-moi une question, Monsieur le Président, cet homme venait de purger sa peine, n’est-ce pas ?
— C’est exact ; il y avait quelques jours seulement qu’il sortait de prison ; c’est moi-même qui, l’an passé, le condamnai. Je l’ai bien reconnu.
— Alors, demanda Jacquard avec un nouvel éclair de malice dans les yeux, vous avez bien peu de confiance dans les conséquences de votre décision, Monsieur le Président ?
— ?