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blie ; c’est court, c’est clair, cela répond à la fois aux arguments des défenseurs et aux critiques du Parquet de la Cour.

Le troisième juge entra. Jeune encore, il avait une figure douce, trop douce, et grave, presque triste. Il avait des allures timides et modestes, mais sa science le faisait estimer.

Surpris de la loquacité du président, il s’enquit des raisons qui avaient pu le pousser à engager un dialogue avec Adonis.

— Nous parlions du Bon Juge, dit Louvrier avec ironie, en désignant le journal. Est-ce assez ridicule tout le tapage qu’on fait autour de cet homme-là !

— Je ne trouve point, Monsieur le Président, fit respectueusement Jacquard. Il y a, dans les idées de M. Magnaud, bien des choses que j’approuve. Il a fait revivre l’Équité que nous avions étouffée dans nos prétoires sous les vêtements du Droit. Il a mis de la Bonté dans la Justice, ce que nous ne faisons pas assez, je pense…

— Vous entendez, Adonis ? déclara le Président. Voilà comment les jeunes se préparent à trahir la Loi. Car, enfin, oui ou non, le Code pénal punit-il le vol ?

— 463, précisa le vieillard, chez qui l’énoncé des préventions provoquait quasi mécaniquement la figuration arithmétique des articles vengeurs…

— Je ne songe pas à le contester, répliqua tranquillement Jacquard. Mais le vol, comme tout autre délit, peut être plus ou moins coupable ; il peut même ne l’être pas du tout, lorsque le voleur défend, par exemple, son droit primordial à l’existence ou celui des siens…