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et la ligue de l’enseignement

lant ni dogmes, ni culte, ni sacerdoce, se font une sorte de point d’honneur de renier le mot de religion, ceux-là acceptent comme les autres le commandement divin de toutes les religions. Je ne sais pas d’école au soleil qui l’ait rayé de son programme. Quelle que soit l’épithète qu’ils lui aient trouvée, la sanction qu’ils lui conçoivent, ils peuvent se donner la main avec les autres quand ils viennent lui rendre l’hommage véritable, celui de la pratique, et je les crois alors plus religieux, ne leur en déplaise, que ceux qui l’enveloppent de formules sacrées, pour la fouler ensuite aux pieds par les actes.

C’est l’acte en effet qui fait l’homme religieux, ce n’est pas la formule ; c’est l’obéissance à la loi du devoir, et non pas sa conception métaphysique ; et la controverse ne peut pas suivre ceux qui montent ensemble, du même cœur, à l’accomplissement du devoir universel d’amour et de justice. Sa place est plus bas, dans la région tourmentée où l’on se maudit pour des affirmations et des cérémonies.

Jusqu’à la déclaration de guerre de 1870, sitôt suivie des désastres qui remplacèrent dans l’opinion toutes préoccupations par les angoisses de la lutte et arrêtèrent brusquement dans sa marche ascendante le mouvement de la Ligue, on fut fidèle à une ligne de conduite si souvent et si noblement exprimée. Par là même la Ligue justifia, accéléra son succès. On fit de l’enseignement, dans le sens