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différents et des sceptiques, qui se taisent par mépris : en se plaçant au-dessus ; c’est celle des vrais croyants, c’est la nôtre, je ne crains pas de le dire. La Ligue, en imposant à ses membres le sacrifice des satisfactions personnelles de polémique, a mis si peu son œuvre en dehors du terrain religieux et politique, le seul sur lequel on puisse bâtir en grand, qu’elle ne pouvait espérer et ne compte, en effet, d’adhérents sérieux, de travailleurs utiles que parmi les citoyens actifs, je veux dire : agissant, et les hommes sincèrement religieux.

Je m’explique.

Si la répartition plus équitable, entre tous les membres de la grande famille humaine, du trésor de connaissances, le patrimoine commun, est posée comme une œuvre de justice sociale et de fraternité, elle devient par cela même une œuvre éminemment religieuse, dans le sens pratique et universel du mot.

Les religions ont leurs dogmes, leur culte, leur sacerdoce, par lesquels elles diffèrent, et au nom desquels elles se combattent ; mais au fond de toutes, de toutes celles du moins auxquelles nous pouvons avoir affaire, se retrouve la loi du sacrifice volontaire aux idées de justice et de fraternité humaine. Cette loi, catholiques, protestants, juifs, mahométans, la reconnaissent également. C’est pour tous un commandement divin, dans lequel ils peuvent tous communier, et ceux-là même qui, ne vou-