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jean macé

par des professeurs de l’Université. Cela était peut-être plus grave encore aux yeux de l’évêque qui n’eut garde d’épargner le ministre et lui lança ses foudres en même temps qu’au F∴ Jean Macé. Après une telle communauté de sort, il était difficile que le gouvernement fit acte d’hostilité envers la Ligue.

Le cercle messin servit aussitôt d’exemple. À Reims, à Dieppe, à Colmar, au Havre, à Orléans, à Rouen, à Nancy, on se constitua à son image. Je ne cite que les principales villes. Le mouvement gagna rapidement, de proche en proche. Il franchit les murs des villes. Des villages eurent leur groupe. Il y eut, pendant l’année 1868 et la première partie de 1869, une véritable émulation. On en retrouve les échos dans le bulletin que Jean Macé publia de Beblenheim à partir du 15 mai 1868. C’est la chronique de la Ligue, avec ses efforts successifs, nombreux, variés, comme les hommes et les lieux. On assiste, en lisant ces pages, à l’envahissement de la France, progressif et régulier, par une idée. Jean Macé le raconte simplement, noblement, avec la sérénités d’âme qui convient au propagateur d’une si grande œuvre, sans s’arrêter aux attaques passionnées dont il est l’objet, et conseillant à tous cette hauteur de vues et cette générosité de sentiments. À peine, de temps à autre, rectifie-t-il une erreur grossière, dément-il une calomnie. Il a promis dès le premier jour de s’interdire toute polémique. Ainsi seulement, il aura, il conservera cette autorité morale né-