Page:Dessoye - Jean Macé et la fondation de la Ligue de l'enseignement, 1883.djvu/88

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
66
jean macé

mée dans les autres pays ! Nous ne pouvons plus la laisser avorter sans un affront pour nous. Après avoir donné si clairement à entendre, par une telle affluence de signatures, que nous voulions faire cette chose-là, nous sommes engagés d’honneur à la faire.

Un ami de Bruges, M. Ernest Discailles, m’a écrit, lecture faite de notre troisième bulletin :

« Qui donc affirmait que la France est morte, est bien morte à l’enthousiasme, aux grandes pensées, aux idées de solidarité et de dévouement ? Votre Ligue vient de lui donner un éclatant démenti. »

Le démenti ne me paraît pas encore d’un éclat suffisant, voyant l’affaire de plus près, et il y en a d’autres, Dieu merci ! Il faut convenir pourtant que ce concours offert spontanément par tant de citoyens, que cette manifestation d’un besoin public, se produisant à ciel ouvert, sans autorisation préalable et sans l’ombre d’une entrave, depuis un an qu’elle a été provoquée, ont de quoi donner à réfléchir aux étrangers qui ne se font pas une idée parfaitement juste de l’état réel des choses dans notre pays, et qui nous croient trop facilement sur parole, quand ils nous voient le vilipender devant eux, avec un luxe d’abnégation qui leur paraît concluant, parce qu’aucun d’eux ne s’y laisserait aller s’il s’agissait du sien. Ils ne sont pas esclaves à ce point