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et la ligue de l’enseignement

et avec raison, sous peine de voir périr son œuvre avant d’être née, qu’il y en eût.

J’insiste sur ces débuts de la Ligue, sur les difficultés que rencontra Jean Macé à bien faire entrer sa pensée dans les esprits, les explications dans lesquelles il dut, à fréquentes reprises, se répandre, parce que la même se trouve la caractéristique du rôle de la Ligue. Elle est, avant tout, une œuvre d’initiative, d’émancipation, d’affranchissement intellectuel. Permettre à l’esprit de se diriger lui-même, de chercher sa voie, la reconnaître, la suivre, voilà son but. Il fallait donc laisser aux groupes le soin de s’organiser, de se constituer librement, à leur volonté, en s’inspirant des circonstances et des besoins locaux. N’était-ce pas d’ailleurs le meilleur moyen, le plus sûr, de donner à la Ligue les bonnes et fortes assises qui devaient garantir sa durée ? Moyen lent peut-être ; mais c’était contre la torpeur, le mal même qui causait cette lenteur, qu’on devait lutter et le pouvait-on efficacement d’autre manière ? Pour la même raison, une fois constitués, les groupes devaient rester libres de leur action. Le bureau qu’aurait à nommer la Ligue, quand la fédération serait un fait accompli, ne pourrait en rien toucher à cette liberté.

« Le bureau qui la représentera, tel que je le conçois, disait Jean Macé dans son premier bulletin, ne sera pas un rayonnement du centre à la circonfé-