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jean macé

lière, ne chercherions-nous pas à organiser aussi la landwehr de l’enseignement ? Je serais bien étonné si l’ordre public y perdait quelque chose. »

Deux jours après, il recevait une lettre lui apportant trois souscriptions à la nouvelle Ligue. Trois humbles, trois petits, de ceux-là mêmes auxquels il fallait précisément donner cette instruction distribuée insuffisamment par l’école, comprenant d’instinct la noblesse de la pensée, la grandeur de l’œuvre, s’inscrivaient chacun pour cinq francs par an. Il faut dire leurs noms. C’était Antoine Mamy, conducteur-chef au chemin de fer de Lyon, Jean Petit, tailleur de pierres, et Larmier, sergent de ville, ce dernier signataire de la lettre. Jean Macé s’est applaudi plus tard d’avoir eu la fortune que les premiers adhérents à son œuvre fussent ainsi choisis par le sort. Le danger était en effet, dans les noms mêmes qui allaient abriter les premiers pas. Il importait de ne paraître attaché ni à l’opposition ni au gouvernement. Cette première adhésion venait à merveille. « Un sergent de ville ! On ne pouvait pas crier à l’opposition. Ce n’était pas non plus précisément un personnage gouvernemental, flanqué sur tout qu’il était d’un conducteur de chemin de fer es d’un tailleur de pierres. »

Cette lettre constituait une sorte de mise en demeure de mettre le projet à exécution. Jean Macé annonça immédiatement que le « projet d’établisse-