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qui, ramifiée sur tout le pays, grouperait, dans chaque canton, dans chaque commune, les esprits pénétrés de la nécessité de changer un tel ordre de choses, et par les mille formes de sa propagande déterminerait un courant d’opinion, en même temps qu’elle étudierait les réformes à faire, les perfectionnements à apporter dans les diverses branches de l’enseignement et au besoin tâcherait elle-même de les réaliser. Ce serait l’armée, en quelque sorte, de l’enseignement laïque, progressiste et libéral. L’association fut créée au commencement de 1865. On l’appela la Ligue de l’Enseignement.

Au mois de septembre 1866, elle tenait à Liège ses secondes assises annuelles ; Jean Macé, qui s’était empressé de se faire inscrire parmi ses membres, fut frappé des merveilleux résultats déjà obtenus. Il trouvait là, appliquée depuis un an et demi, l’idée qu’il avait conçue et dont la création de la Société des bibliothèques du Haut-Rhin n’était que la manifestation partielle. L’heure n’était-elle pas venue de faire semblable chose en France ? Nos voisins étaient un vivant exemple à offrir à tous. En les quittant, Jean Macé dit à ses ami belges son intention. On lui répondit par des sourires. En France, y pouvait-il songer ? sous le gouvernement impérial ? Et la liberté d’agir, où la prendrait-il ? Pour un peu, on l’eût traité de naïf.

Loin de le décourager, cette sorte d’incrédulité lui fut un stimulant. Il rentra chez lui fermement dé-