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et la ligue de l’enseignement

vite un citoyen. La conséquence était fatale. Mais d’en parler on s’en gardait bien. Le but était trop lointain. Et d’ailleurs l’Empire ne l’eût point permis. Il avait beau prendre une étiquette libérale ; il n’entendait pas qu’on lui créât la moindre difficulté, la moindre opposition. Où la politique et la libre pensée seraient venues se montrer, sentant là des levains hostiles, il eût prestement mis le holà !

C’est le secret du succès qui a couronné les efforts de Jean Macé d’avoir toujours nettement mesuré aux limites du possible l’étendue immédiate de son action. Prenant les choses telles qu’elles étaient, sans illusions sur les difficultés à vaincre, mais aussi sans défaillance, ne voulant que ce qui était possible le jour même, mais le voulant bien, afin de pouvoir le lendemain vouloir et faire davantage, il a marché sans cesse, progressant à mesure jusqu’au jour du triomphe final.

Dans une circulaire du 31 mai 1860, le ministre de l’instruction publique d’alors, M. Rouland, avait dit : « Doter les populations laborieuses d’un fond d’ouvrages intéressants et utiles est un besoin qui chaque jour se fait plus impérieusement sentir. Une vaste organisation de bibliothèques communales répondrait à ce but ; mais cette organisation présente des difficultés qu’un concours multiple de volontés et de sacrifices permettrait seul de résoudre complètement. »

C’était parfaitement juste ; malheureusement, ce