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jean macé

presario de la maison. Car on y jouait aussi la comédie, et c’était tout à la fois un moyen de récompense, en choisissant pour remplir un rôle les meilleures d’entre les élèves, et un complément d’éducation. « Il y a peu d’exercices plus utiles pour développer la mémoire, former la prononciation, et donner de l’aisance aux manières que ces représentations en famille, dit Jean Macé dans la préface de son Théâtre. C’est en même temps, ajoute-t-il, un moyen précieux pour donner des leçons qui ne s’oublient pas, leçons de conduite, et même leçons de classes, si l’on veut en prendre la peine. Si je n’avais pas autre chose à faire, je m’engagerais volontiers à enseigner toute l’histoire de France, avec les dates, dans une série de pièces se suivant d’époque en époque. Mes élèves ne seraient peut-être pas en état de passer un examen, mais elles en sauraient certainement plus long que des liseuses de manuels. » Le théâtre du Petit-Château remplissait encore un autre but. Dans cette petite république, où parfois, comme dans les grandes, les passions entraient en jeu, la scène était un instrument de gouvernement. Pas de censure à redouter, puisque le gouvernement lui-même tenait la plume, et comme il pouvait à son aise gourmander les passions ! Jean Macé ne nous a offert, dans son livre, que quelques-unes des pièces qui composent le nombreux répertoire de la maison, celles qui « peuvent voyager à l’étranger, c’est-à-dire celles où ne figurent ni mademoiselle Ve-