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jean macé

Et notez bien qu’il n’y a pas que vous qui en soyez là. Votre petit chat, qui était si mignon il y a quelques mois, et qui devient tout doucement un grand chat, c’est sa pâtée de tous les jours qui devient chat à mesure au dedans de lui. Ce grand bœuf, qui vous fait si peur, parce que vous ne savez pas combien c’est une bonne personne, incapable de faire du mal aux petits enfants qui ne lui en font pas ; ce grand bœuf a commencé par être un tout petit veau, et c’est l’herbe qu’il a mangée qui s’est transformée à la longue en cette masse énorme de chair, que les hommes mangeront ensuite pour en faire de la chair d’hommes.

Il y a mieux. Les arbres de nos forêts qui montent si haut et qui tiennent tant de place, n’étaient pas, dans le principe, plus gros que votre petit doigt, et tout ce que vous voyez là, ils l’ont mangé.

— Quoi ! les arbres mangent aussi ?

— Assurément, et ce ne sont pas les moins gourmands de tous, puisqu’ils mangent jour et nuit, sans jamais s’arrêter. Seulement vous concevez bien qu’ils ne se fait pas chez eux tout à fait de la même manière que chez vous. Et encore, vous serez étonnée, je vous en préviens d’avance, quand vous verrez tous les points de ressemblance qui existent entre eux et vous à ce sujet-là.

Convenez qu’il n’y a pas beaucoup de contes de fées qui soient plus merveilleux que l’histoire de cette