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et la ligue de l’enseignement

au coude, comme on remet des planches à la table, les jours où l’on donne à dîner à beaucoup de monde. Cependant rien ne grandit tout seul, comme rien ne diminue non plus, persuadez-vous bien cela une fois pour toutes. Si l’on n’a rien ajouté par dehors, il faut bien que quelque malicieux génie ait fourré par dedans tout ce qu’il y a de plus dans les bras, les jambes et le reste. Et le malicieux génie, savez-vous bien qui c’est !

C’est vous.

Ce sont vos belles tartines, vos bonbons, vos gâteaux, la soupe aussi, et la soupe encore mieux que tout le reste, pour vous le dire en passant, qui une fois disparus dans le petit gouffre que vous connaissez bien, se sont mis, sans vous demander la permission, à se glisser sournoisement dans tous les coins et recoins de votre corps, où ils sont devenus, à qui mieux mieux, des os, de la chair, etc.,  etc. Tâtez-vous de tous les côtés : ce sont eux que vous rencontrerez partout, sans les connaître, bien entendu. Vos petits ongles roses qui se trouvent repoussés tous les matins ; le bout d’en bas de vos aux cheveux blonds qui s’allongent toujours davantage, en vous sortant de la tête, comme une herbe qui pousse hors de la terre ; vos dents de grande fille qui montrent maintenant le bout de leur nez, et remplacent à mesure celles qui vous étaient venues en nourrice : vous avez mangé tout cela, et il n’y a pas longtemps.