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jean macé

Vous êtes-vous demandé quelquefois pourquoi on mange ?

Je vous vois rire d’ici.

« L’on mange parce qu’il y a des gâteaux, des bonbons, des confitures, des poires, du raisin, des petits pains tendres, toutes sortes de bonnes choses qui font plaisir à manger. » C’est une assez bonne raison : il n’en faut pas d’autre. Ah ! s’il n’y avait que de la soupe au monde, peut-être bien qu’on pourrait demander : Pourquoi ?

Mettons qu’il n’y a que de la soupe au monde. Aussi bien, il ne manque pas de pauvres petits enfants pour lesquels il n’y a pas autre chose, et qui mangent tout de même et de bon appétit, je vous l’assure ; le père et la mère ne le savent que trop, bien souvent.

Pourquoi mange-t-on, même quand on n’a que de la soupe ?

Je vais vous le dire si vous ne le savez pas.

L’autre jour, quand votre maman a déclaré que votre robe était devenue trop courte, et qu’il a fallu vous faire la jolie robe à carreaux dont vous étiez si fière les premiers jours, d’où venait cela ?

— Belle demande ! c’est que j’avais grandi.

— Et comment avez-vous grandi, s’il vous plaît ?

Vous voilà prise. Il est bien sûr que personne n’est venu rallonger vos jambes pendant que vous dormiez, et que si les bras sortaient des manches, ce n’était pas parce qu’on avait remis un petit morceau