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jean macé

devenait pour la vie. N’avait-il pas toutes les qualités voulues ? La bonté naturelle et souriante, l’affinité de l’esprit, les grâces exquises de l’imagination, un cœur chaud, une foi sincère, tout cela recouvrant une science vaste et sûre. Il a expliqué sa méthode d’enseignement, toute hors des règles de la routine, qui eût fort surpris peut-être un inspecteur d’académie, mais qui s’adaptait si bien à l’esprit de ses élèves, et qui lui donna les meilleurs résultats. Rien de moins dogmatique, de moins raide, de moins compassé, de moins pédagogue, en un mot, que Jean Macé, et je me le figure aisément, dévoilant à ses jeunes élèves les secrets de la physique d’abord, puis peu à peu de toutes les sciences, attirant à lui dans la maison toutes les branches de l’enseignement, et toujours captant l’attention, l’esprit et le cœur de ses auditrices par sa fine causerie empressée à dégager, comme en se jouant et avec d’autant plus d’effet, l’enseignement moral et philosophique contenu en toutes choses. Le grand point dans l’éducation n’est-il pas d’apprendre à penser ? L’homme qui plus tard devait consacrer tant d’ardeur, d’activité, d’énergie, de dévouement à former des citoyens, ne pouvait manquer de tout faire pour que les jeunes filles confiées à ses soins fussent plus tard, comme il l’a dit, des « mères complètes ».