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et la ligue de l’enseignement

Il faut saluer au passage ces deux noms. Ce village d’Alsace, ce pensionnat de jeunes filles ont été le berceau de la Ligue ; jusqu’en 1870, ils en ont été le centre. À ce titre, nous leur devons un pieux souvenir. Les démocraties ne s’honorent pas seulement en donnant à leurs grands hommes, à leurs vaillants et dévoués serviteurs, le tribut d’hommages qui leur est dû ; elles sont tenues aussi à quelques marques de respect pour les noms des lieux où ces hommes ont vécu, où ils ont conçu, exécuté leurs projets. C’est à ces hommes encore, c’est à l’esprit qui les animait, que ces témoignages s’adressent. Nous avons ainsi le devoir, nous surtout, les gens de la Ligue, de ne point oublier ces noms : Beblenheim et le Petit-Château. Le devoir est d’autant plus grand que Beblenheim, hélas ! n’est plus français. Et si le Petit-Château, transporté à Monthiers, dans l’Aisne, existe toujours, la place du moins qu’il occupait en Alsace ne se reconnaît plus.

Jean Macé a dit lui-même, en des pages émues, dans la préface de son Théâtre du Petit-Château et dans la Revue Alsacienne, quelle impression délicieuse il avait emportée de cette première visite. Il semble qu’un je ne sais quoi lui ait fait sentir, bien que confusément, que là devait se trouver sa vraie voie. Aussi, quand le coup d’État survint, dispersant les défenseurs de la République, est-ce à Belbenheim que Jean Macé alla chercher un refuge. Sa destinée dès lors était fixée. Professeur de demoiselles, il le