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et la ligue de l’enseignement

On sait comment la Révolution éclata, soudaine, comment le suffrage universel fut proclamé. Il y eut un moment d’indicible enthousiasme. Les cœurs se dilataient à se rompre. Mais là même était le danger. La foule est mobile, impressionnable, capable d’élans généreux, mais aussi accessible aux passions furieuses. Au lendemain de la Révolution, en février, Jean Macé reprit la plume pour écrire les Vertus du républicain.

Les deux brochures ont été depuis, en 1879, réimprimées et publiées en un petit volume. Plus d’une fois, on sourit en les relisant. Que d’illusions l’avenir a démenties ! Là où se manifestait, dans sa candide ardeur, l’enthousiasme d’une âme ouverte brusquement à la pleine lumière d’un ordre de choses nouveau, l’amertume peut-être dicterait aujourd’hui. Ironie du destin ! Mais le Jean Macé de 48 n’en est pas moins à relire actuellement. Républicains qui voulez des livres de propagande populaire, prenez ce petit volume : c’est un bon entre les meilleurs.

Ce garde national, non électeur, mais qui le voudrait être et dit à son voisin, qui l’est, tout ce qu’il en pense, manie avec une dextérité singulière l’ironie mordante de son esprit et son bon sens. Et quand la bile lui remue, quelle indignation !

« De moralité, n’en parlons pas, s’il vous plaît. Sans donner au pauvre le monopole des vertus, ce qui ne serait pas juste non plus, je vous prierai de remarquer