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jean macé

rattrapai peu de temps après. Et je compris bien alors comment, sans moyens oratoires, sans art de diction, Jean Macé avait eu partout tant de succès. Sous cette enveloppe de bonhomie, brûle le cœur le plus chaud, brille l’esprit le plus affiné. Jean Macé captive ainsi son auditoire ; il s’en empare, le séduit progressivement et le renvoie charmé. La conférence finie, chaque auditeur se croit un ami de plus. Voilà tout le secret de Jean Macé.

Un orateur de ce genre, quand il préside une réunion, ne saurait être un président tant soit peu solennel. Jean Macé ne réussit qu’à se montrer un chef de famille au milieu des siens. Aussi, dans les congrès, l’ordre est-il maintenu beaucoup plus par l’affection respectueuse qu’inspire le président, que par son autorité. Ici encore, Jean Macé laisse si libre cours à sa nature qu’il en oublie parfois son rôle.

Jean Macé est professeur ; il enseigne un peu toutes les sciences à des jeunes filles dont il se regarde presque comme le second père. Eh bien, une fois, au congrès, prononçant un rappel à l’ordre : « Mademoiselle, voulez-vous bien… » s’écria-t-il. Vous pensez si l’on rit, et Jean Macé tout le premier. Quand le congrès de 1882 prit fin, au moment de clore les séances, Jean Macé commença ainsi sa petite allocution : « Mes enfants, vous avez été bien sages. » Les discussions, en effet, si vives qu’elles eussent été, n’avaient pas un instant, comme il arrive souvent aux assemblées, dégénéré en