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et la ligue de l’enseignement

parce qu’alors ils seraient libres : les gouvernements despotiques ne résistent pas au souffle de la science. C’est le citoyen, le républicain qui parlait alors. Après la guerre, quand il fallut recommencer, tout étant détruit, l’horizon s’était élargi, l’homme avait grandi : c’était le patriote qui paraissait, pas un instant depuis il n’a disparu.

C’est qu’aussi bien Jean Macé a souffert toutes les douleurs de l’invasion. Cet Alsacien d’adoption, obligé de fuir pour rester Français, a conservé au cœur une plaie béante. Chaque progrès de la Ligue en cicatrise une parcelle. Comment dire la satisfaction qu’il dut éprouver le 21 avril 1881, quand il put, au Trocadéro, proclamer solennellement que la Ligue était définitivement fondée, la Ligue, cette œuvre nationale, comme il a souvent dit depuis, la Ligue française, comme il venait de la nommer si énergiquement. Nous savons tout cela, jeunes et vieux, dans la Ligue, et ce grand exemple d’un dévouement sans bornes à une telle œuvre rappelle sans cesse à chacun que le but n’étant jamais atteint tout entier, il ne faut jamais s’endormir.

Il ne s’endort pas, lui, le maître, malgré ses 68 ans. Il est encore le plus ardent, sans cesse sur la brèche, ne comptant guère que l’âge vient et qu’il faut se reposer.

Quel exemple pour notre jeune démocratie !

Et avec cela, bon, affable, souriant à tous. Il a des joies d’enfant, naïves et franches, à toutes