Page:Dessoye - Jean Macé et la fondation de la Ligue de l'enseignement, 1883.djvu/24

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
2
jean macé

cet apôtre, est le plus simple, le moins ambitieux, le moins avide, le plus désintéressé des hommes.

Je me trompe : il a une ambition, il la nourrit depuis quinze ans, elle est en train de se réaliser aujourd’hui et croyez bien qu’au fond de son cœur il en ressent une joie profonde : il veut voir la Ligue de l’enseignement, cette fille de son cœur et de son esprit, il la veut voir forte, puissante, honorée, respectée, et il le veut parce que la prospérité de la Ligue, l’hommage public rendu à ses efforts, c’est l’irrécusable preuve que notre pays comprend dans toute son étendue le devoir d’instruction qui nous incombe, qu’il travaille à le remplir, que tous les citoyens, du plus grand au plus petit, sentent que tout, en cette œuvre, ne doit pas rester à la charge de l’État, que les moyens d’instruction, s’il ne peut nous les fournir, c’est à nous de les trouver, que l’initiative individuelle est un devoir civique. Ce n’est point tout encore. L’homme qui s’instruit est en chemin pour devenir un bon citoyen ; chaque jour qu’il vit lui apporte une lumière ; il voit, il saisit, il comprend mieux son rôle dans la société, ses droits, ses devoirs ; c’est un citoyen qui se forme et s’en ira se perfectionnant ; partant c’est un républicain ; c’est plus encore, c’est un patriote, un Français.

L’ambition de Jean Macé est bien l’ambition d’un patriote, l’ambition d’un Français.

Au début, il voulait ses concitoyens instruits,