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et la ligue de l’enseignement

instincts, des aspirations, des appétits qui ne sauraient trouver satisfaction ; dans son intérêt il vaut donc mieux ne pas l’instruire du tout. C’était leur profond amour du peuple qui inspirait aux cléricaux ce sentiment-là. Il faut reconnaître que la question ainsi posée, la solution était bien simple : fermer les écoles. « Voilà une économie toute trouvée. Et quel magnifique progrès à réaliser, par-dessus le marché, dans notre malheureux pays qui a tant besoin de progrès ! Pensez-donc : cent fois préférable ! »

Dans la Soutane de l’abbé Junqua, Jean Macé examine la question des rapports de l’Église et de l’État. L’abbé Junqua était ce prêtre de Bordeaux qui, pour avoir refusé de reconnaître le dogme de l’infaillibilité papale proclamée par le concile du Vatican, avait été frappé d’interdit par son archevêque et sommé de quitter la soutane ; il n’avait point obéi, et le tribunal de Bordeaux l’avait condamné à six mois de prison. Cela en vertu du Concordat. Jean Macé se demande si ce contrat passé en 1802 entre l’Église et l’État est bien observé des deux côtés. Incontestablement l’Église n’en retenait que ce qui lui était utile ou agréable, arguant de la loi divine pour violer le reste. L’État n’avait alors que trois partis à prendre : ou fermer les yeux sur toutes les infractions au Concordat, ou les réprimer toutes sans exception, ou enfin annuler le Concordat, « ce qui serait le meilleur ».