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jean macé

qu’ « il ne s’agit de la défendre pour ceux qui veulent l’École enchaînée à l’Église. C’est une question de domination pour ceux-ci, de vie ou de mort pour les premiers ». Et sortant des « bagatelles de la porte » pour entrer au cœur du débat, Jean Macé le prouve à l’évidence en rappelant le Syllabus, le langage de M. de Belcastel écrivant au pape, de concert avec quarante députés, sa résolution de combattre la Révolution, « la grande ennemie de l’Église et de l’humanité », comme ils l’appellent. Eh bien, si l’Église triomphe, si l’école est à elle, si les congrégations religieuses enseignantes vont croissant, l’œuvre de la Révolution sera compromise, et le 14 juillet 1789, pour l’anniversaire de la prise de la Bastille, nous aurons un jour de deuil ; les églises seront tendues de noir, on chantera le De profundis ; « si l’on parvient à les refouler, ce sera une belle fête patriotique, la fête de la délivrance du peuple français ; que dis-je ? son jour de naissance ». Toute la philosophie de la lutte est là.

La Demi-instruction est une riposte sur ce ton d’ironie fine et discrète, sans être moins mordante, qu’affectionne Jean Macé, à ce bel argument invoqué un jour, après tant d’autres, par un député de la droite, M. de Tarteron, dans un des bureaux de l’Assemblée : « L’ignorance naïve est cent fois préférable à cette demi-instruction qui… etc. » Le paysan ne peut recevoir une instruction entière dans son école ; une demi-instruction éveillera chez lui des