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et la ligue de l’enseignement

On dit que l’école sera athée lorsqu’on n’y enseignera plus la religion ! « Pourriez-vous me dire, réplique Jean Macé, quel rapport il y a entre l’alphabet et l’existence de Dieu ? Si l’on ne peut pas faire tracer à un écolier des ronds et des jambages, des pleins et des déliés, sans toucher à l’infaillibilité du pape ? Ce que la question du célibat des prêtres viendrait faire dans la règle des participes ? Par où le Messie des Juifs peut se trouver mêlé à la théorie du plus grand commun diviseur ?

Non, l’école ne sera pas athée, parce que la lecture et l’écriture n’ont jamais été de l’athéisme et ne le seront jamais ; parce que la grammaire n’est pas athée ; parce que, quand on vient demander à un homme de vous enseigner l’arithmétique et qu’il vous l’enseigne sans vous parler de religion, il est aussi déraisonnable de crier à l’athéisme sur son école, qu’il le serait, en sortant de chez un cordonnier qui vous a pris la mesure d’une paire de bottes, sans aborder avec vous la question religieuse, d’ameuter les passants devant sa porte en criant : Voilà une boutique qui est athée ? »

À l’objection : « Un peuple sans religion ! » Jean Macé répond en citant l’exemple des États-Unis où les idées religieuses sont plus répandues et plus sincères que partout ailleurs et où il n’est pas question de religion à l’école. La vérité, c’est qu’il ne s’agit pas plus pour ceux qui réclament la séparation de l’Église et de l’École de détruire la religion,