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jean macé

vieux privilèges détruits, toutes les mesquines et étroites ambitions coalisées sous la direction de l’Église pour nous doter d’une monarchie où le roi sur son trône n’eût été que le satellite du prêtre à l’autel, c’est-à-dire le pire des gouvernements. Jean Macé se jette en pleine bataille, et quel que soit le sujet qui lui mette la plume en main, fait vivement ressortir le caractère de cette lutte et ses conséquences.

On sait l’hostilité qu’a rencontrée, surtout à un pareil moment, le principe de l’obligation de l’instruction, les colères plus vives encore que souleva la laïcité. C’est qu’ici l’existence du clergé comme influence politique était gravement compromise. « Celui qui est maître de l’éducation, a dit Leibniz, peut changer la face du monde. » Le clergé savait toute la vérité de cette parole et tenait à rester « maître de l’éducation ». Contre l’obligation, il avait invoqué la liberté des pères de famille ; quand on parla de laïcité, il cria à l’athéisme. C’est à cette accusation que répond Jean Macé dans le premier de ses petits pamphlets : La séparation de l’Église et de l’École. Aujourd’hui que la lutte a continué sur ce point avec une intensité qu’on ne lui avait peut-être pas vue jusqu’alors, ce petit livre est encore la meilleure réponse que je sache à tous les arguments des journaux du clergé. Il y a là cinquante pages qu’on dirait écrites d’hier et qui vivront ainsi, tant que la lutte durera.