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et la ligue de l’enseignement

ou briser la voiture du voisin qui ne serait pas content.

« Pourquoi donc vous faire scrupule de forcer les négligents d’allumer aussi la lanterne dans la tête de leurs enfants ? Croyez-vous que nous n’y soyons pas tous aussi intéressés, et que ces têtes, où il fait noir, ne puissent rien briser plus tard ? »

C’est avec cette même logique tour à tour indignée et railleuse, cette ingéniosité d’images, bien propres à frapper l’esprit populaire, cette chaleur d’âme qui peint la conviction ardente dont est animé l’auteur, avec ces points d’arrêts précis qui posent et résolvent la question en deux lignes, que Jean Macé écrivit les Idées de Jean-François. La première série forme sept petits volumes, parus en 1872 et 1873. La grande question, qu’on mit cinq ans à résoudre, était de savoir si les partis monarchiques, en majorité dans l’Assemblée de Versailles, rétabliraient la monarchie, ou si le pays, qui ne manquait pas, à chaque élection, de manifester énergiquement sa volonté, réussirait à conserver, à faire proclamer comme le gouvernement définitif et régulier, la République. Au milieu de toutes les discussions, cette question de République ou Monarchie était en jeu. C’était la lutte de la démocratie, avec toutes ses ardeurs, ses aspirations, ses soifs de science, de liberté et de progrès, contre tous les regrets du passé, les frayeurs de l’avenir, les égoïsmes des