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jean macé

trop incapables, et, pour commencer, de leur apprendre à lire et à écrire. L’ignorance du peuple est maintenant un danger public, monsieur le sénateur. » Cela étant, « et j’aimerais voir quelqu’un venir me soutenir le contraire, s’écrie Jean Macé, peut-il être permis à un père de ne pas envoyer son enfant à l’école quand elle est ouverte à tous, et qu’il n’en coûte rien aux pauvres ? Non, cent fois non, pas plus qu’il n’est permis à nos jeunes gens de rester à la maison, quand le jour de la conscription est arrivé. Demandez-vous, ce jour-là, aux parents, ce qu’ils en pensent, et vous inquiétez-vous de leur autorité sur le conscrit ? Faites-moi une bonne conscription d’école, et que le sergent de police ramène par l’oreille l’écolier réfractaire ! Croyez-moi, c’est aussi l’ennemi de la patrie que l’on combat sur ces bancs qu’il déserte. »

Cet intérêt de la société, il l’exprimait encore sous une forme ingénieuse : « Je suis bien le maître de ma voiture, n’est-ce pas ? et s’il me plaît, la nuit, de la conduire à l’aveuglette, à travers les trous et les tas de pierres, au risque de la briser, il semblerait d’abord que je suis dans mon droit. Et pourtant, on me force d’allumer ma lanterne ; si j’y manque, on ne se gêne pas pour me dresser procès-verbal. Et si je voulais m’en plaindre aux camarades, ils me donneraient tort, parce qu’il ne s’agit pas seulement de ma voiture, à moi, mais qu’elle peut rencontrer du monde sur la route, écraser un enfant,