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et la ligue de l’enseignement

fants et les laissent manquer de tout ? Le vieux droit du père est en leur faveur. L’enfant est à eux, ils en font ce qu’ils veulent. Si vous l’avez abandonné pour le corps, ce droit des anciens temps, devenu abominable dans notre société chrétienne, à quel titre voudriez-vous le conserver pour l’âme qui demande aussi à être habillée et nourrie ? Qu’il décide lui-même comment elle sera nourrie et habillée, rien de plus juste, et je ne demande pas qu’on fasse des enlèvements d’enfants, comme au temps des dragonnades, et dans le pays du petit Mortara. Mais quelle que soit la nourriture, il en faut une, et ce n’est pas seulement le droit, c’est le devoir de la société de l’exiger, comme elle exige que l’enfant ait du pain, qu’il convienne au père ou non, de lui en donner. »

La société n’obéirait pas seulement à un devoir moral en formulant en loi cette exigence, elle suivrait encore la voix de son intérêt. Cela est évident surtout pour une société démocratique, dans un pays de suffrage universel. L’instruction de tous devient une nécessité de premier ordre. « Cette marmaille qui court dans nos rues, c’est de la graine de souverain, ni plus ni moins. Peut-être vaudrait-il mieux qu’il en soit autrement, je ne sais pas ; mais comme c’est impossible, ce n’est pas la peine d’en parler. Ce qui vaut la peine qu’on en parle, c’est de travailler à les mettre en état d’être un jour pas