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jean macé

au père, c’est le père qui appartient à l’enfant. C’est là une loi qui est écrite partout. Qui donne la vie est tenu de veiller à ses premiers développements… Le père n’a que des devoirs vis-à-vis de son petit enfant, et parmi ces devoirs, celui de l’éducation est au premier rang. Hors les cas d’extrême misère, qui sont rares après tout dans nos campagnes, à l’âge de la force, et qui viennent jeter à bas tout l’ordre établi par le bon Dieu, l’homme qui fait travailler son petit enfant pour gagner sa vie, j’entends travailler du matin au soir, de façon à ce qu’il n’y ait pas d’école pour lui, cet homme-là est un père dénaturé, que le mépris public devrait marquer au front. Ce n’est pas un droit dont il use, c’est un devoir qu’il foule aux pieds et un crime qu’il commet.

La question ainsi posée devient facile à résoudre au point de vue de la société. S’il y a un crime commis, qui oserait défendre la société d’intervenir ? Au commencement des sociétés humaines, quand elles en étaient encore à leur point de départ, au groupe formé par la famille, le père de famille était souverain, en sa qualité de chef d’État. Il avait droit de vie et de mort sur la mère et les enfants, et de même qu’il pouvait tuer le corps, il pouvait aussi laisser périr l’âme : nul n’avait de compte à lui demander. Est-ce là le régime qu’on réclame ? Alors pourquoi les tribunaux se permettent-ils d’envoyer en prison les monstres qui martyrisent leurs petits en-