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et la ligue de l’enseignement

en vertu de son droit d’initiative et secondé par les autres cercles, agissant de même. Mais, en tant que citoyen, il se crut tenu d’apporter aussi son effort pour le succès final. Le polémiste fut au premier rang des combattants.

Ainsi avait-il déjà fait d’ailleurs quand le comité de Strasbourg avait, en 1870, lancé son pétitionnement. Il avait réuni en une petite brochure à 30 centimes, éditée par Hetzel sous ce titre : Lettres d’un paysan d’Alsace à un sénateur sur l’instruction obligatoire, plusieurs articles parus pour la première fois en décembre 1861 et en janvier 1862 dans l’Industriel alsacien de Mulhouse. C’était le développement très ingénieux de cette pensée : « Voilà vingt-deux ans que nous avons le suffrage universel, et nous attendons encore son corollaire indispensable, l’instruction obligatoire ! » Le mot était de M. Duruy qui l’avait écrit dans un rapport dont l’apparition au Moniteur, en 1865, fit événement. Je ne sais rien qui contienne une démonstration plus simple, plus claire, de la nécessité de l’obligation de l’instruction, ni de réfutation plus complète des objections soulevées par les adversaires de la réforme, que les soixante pages de cette petite brochure. Dès 1861, la théorie du droit du père de famille était invoquée pour combattre l’obligation. Le droit du père de famille ! N’est-ce pas, au contraire, du droit de l’enfant qu’il faut parler ? « Au point de vue de la nature, ce n’est pas l’enfant qui appartient