Page:Dessoye - Jean Macé et la fondation de la Ligue de l'enseignement, 1883.djvu/147

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
125
et la ligue de l’enseignement

pagne de séduction personnelle qu’il mena ainsi, sur tous les points de la France, allant visiter tour à tour le Nord, le Midi, l’Ouest, selon qu’ici ou là se présentaient les hommes propres à le seconder, sur-

    teur se fera un jour, qui toutefois peut tarder, c’est à nous tous à combler la lacune. Organisons des bataillons d’instruction qui, prenant l’enfant à la sortie de l’école, entretiendront en lui le culte des grandes choses, la religion de la patrie.

    Jean Macé a été amené ainsi à dire quelques mots des manuels d’instruction civique, et entre autres de celui de Gabriel Compayré. Ce manuel, il le déclare excellent, il le montre irréprochable. « Tous les pères de famille doivent le lire pour s’en assurer. Il ne contient pas la plus légère attaque à la religion catholique. Tout le tort qu’il a, c’est de ne pas parler d’eux.

    Puis rappelant la nécessité de l’instruction civique, expliquant cette nécessité par le souvenir de nos désastres dont la cause principale a été l’oubli de l’idée de patrie, dénonçant à nos frontières et sur cette partie du sol national qui nous a été arrachée, la race ennemie qui nous guette, l’orateur a mis en regard des efforts de la France pour instituer cet enseignement dont elle attend son salut, les efforts contraires des évêques pour l’arrêter, pour l’écraser ; et comme document significatif, il a lu à son auditoire indigné un passage d’un mandement récent, où l’évêque de Nancy, dans un accès de fanatisme furieux, prédit que les nations étrangères pourront bien un jour venir, en détruisant la France, détruire ce foyer d’impiété et de corruption qui est un danger pour elle-même.

    Les applaudissements ont à bien des reprises interrompu l’orateur. La salle était, à chaque instant, enlevée, électrisée par ces mots à emporte-pièce qui marquaient nos ennemis, ceux du dedans et ceux du dehors ; par ces hautes idées, par ces sentiments généreux bien faits pour renouer et réveiller ce qu’il y a de meilleur dans le cœur de l’homme. Tous à ce moment comprenaient que ce vieillard qui venait ainsi nous parler de la patrie après une vie usée dans le dévouement, dans le plus rude et le plus actif apostolat, était cent fois plus religieux que