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jean macé

procher Jean Macé sans se sentir immédiatement gagné par ce charme pénétrant que répand autour de lui cet homme au cœur chaud, à l’esprit élevé, à la bonté toujours souriante. Ce fut comme une cam-

    phrases et de la phrase. Il commence d’une manière, s’interrompt, reprend autrement, s’interrompt encore pour avertir ses auditeurs que c’est là sa manière, retrouve son idée et continue. Au milieu de tout cela se joue l’esprit le plus ingénieux et le plus fin ; rendant sensible par une comparaison simple et saisissante une idée élevée ou trop abstraite, lançant à ses adversaires le trait ironique auquel on ne répond pas ; retenant le mot violent, — qui frapperait peut-être un peu fort, — quand il est déjà commencé, de façon que tous les auditeurs l’achèvent.

    Et au-dessus animant, soutenant, soulevant l’orateur, l’image toujours présente de la patrie.

    Tout ce que nous disons pour résumer cette merveilleuse causerie, c’est que, pendant près de deux heures qui ont coulé comme un instant, Jean Macé nous a fait comprendre et sentir l’étroit rapport qui unit le régiment à l’école. Pour lui l’école n’est que la préface du régiment, le régiment la continuation de l’école, Ce ne sont pas deux institutions, mais une seule. L’école commence ce que le régiment finit.

    Donc si le régiment est obligatoire et laïque sans que personne le trouve mauvais, l’école doit être obligatoire et laïque. Personne n’a jamais imaginé de faire payer au soldat une pension pour le temps qu’il passe dans les rangs. De même l’école doit être gratuite.

    Malheureusement, entre l’école et le régiment il y a une lacune, une lacune considérable. De 13 à 21 ans, dans l’état présent de notre législation, l’enfant, qui devient un jeune homme, est sans éducateur. Il ne peut ainsi qu’oublier ce que l’école lui a appris, Jean Macé voudrait qu’une loi vînt établir, pour les jeunes gens de cet âge, de véritables cours d’adultes obligatoires, d’un mois environ par année, et qui seraient, pour l’instruction civique et militaire, les 28 jours avant le régiment.

    Mais en attendant cette loi qui, dans la conviction de l’ora-