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jean macé

Tous les journaux sympathiques au pétitionnement de la Ligue reçurent copie de cette adresse et la publièrent. On s’imagine aisément l’effet produit sur l’opinion. Un tel chiffre de signatures réuni en sept mois et demi, c’était un succès dont la Ligue et ses partisans pouvaient à bon droit s’enorgueillir. Le parti clérical ne dissimula pas tout le dépit qu’il en ressentait. Quand le surlendemain du dépôt des pétitions, M. de Lacretelle vint demander à l’Assemblée de fixer un jour prochain pour entendre discuter le rapport sur les pétitions, la majorité, suivant le mot d’ordre de M. Keller, s’y refusa. Les pétitions furent renvoyées à la commission présidée par M. Dupanloup qui en rendrait compte dans son rapport sur la loi. C’était le renvoi de la discussion aux calendes grecques.

L’Univers constata avec tristesse que le succès du pétitionnement était un fait sans précédent ; puis, épiloguant sur les chiffres, déclara gravement que les 348 mille signatures demandant l’instruction obligatoire, gratuite et laïque, prouvaient le caractère catholique des 500 000 autres. C’était une façon comme une autre de se consoler. Cette belle découverte donna à l’Opinion nationale l’occasion de rappeler que jadis les amis de l’Univers répétaient sur tous les tons que la Ligue n’était qu’une vaste association de francs-maçons et d’athées ; si 500 000 catholiques avaient répondu à son appel, c’est qu’apparemment elle n’était point si athée qu’on l’avait