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et la ligue de l’enseignement

cembre 1871) donnèrent plus d’activité de part et d’autre au mouvement. Sur les douze commissaires élus par l’Assemblée, deux seulement étaient républicains, M. Carnot, l’ancien ministre de 1848, et M. Ricard. M. Dupanloup fut choisi comme président. Cette nomination donna tout de suite la mesure de l’esprit qu’entendait apporter la commission dans son œuvre. Ce fut un renfort pour les cléricaux ; ce fut un stimulant plus puissant encore pour la Ligue et ses amis. Plus les résistances à la réforme réclamée allaient être vives et nombreuses au sein de l’Assemblée, plus il importait que le mouvement d’opinion dans le pays fût considérable et énergique ; on le comprit partout. Il y eut un redoublement de zèle, d’ardeur. C’est qu’aussi les difficultés grandissaient. Les adversaires du pétitionnement avaient à leur disposition, outre la force immense et insaisissable dont dispose le clergé par son action souterraine, les administrations et les parquets. Il n’est sorte de vexations que n’eurent à subir les porteurs des listes de pétition. « Il ne se passe guère de jours, écrivait Vauchez le 27 décembre à l’Opinion nationale, que je n’apprenne que des listes couvertes de signatures ont été saisies entre les mains des porteurs, soit par des curés de campagne, soit par des gardes champêtres, agissant au nom d’une autorité qui se cache. » Ces saisies étaient accompagnées de menaces à l’adresse des porteurs et des signataires. Ici, c’est un procureur de la République qui fait saisir les pétitions ; ailleurs,