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et la ligue de l’enseignement

pour les combattants du parti. On s’indigna vivement à l’idée que ce malheureux père de famille ne serait plus libre de conserver son enfant dans une ignorance bienfaisante. La gratuité fut repoussée comme étant au moins inutile. Est-ce que de tout temps on n’avait pas fait aux pauvres l’aumône d’un peu d’instruction ? Quant à la laïcité, c’était tout simplement l’athéisme introduit dans l’école.

On ne s’en tint pas à la polémique. Pour contrebalancer l’effet de la pétition de la Ligue, on fit signer une pétition protestant contre la réforme réclamée, et demandant que l’enseignement fût religieux, libre et gratuit pour les pauvres. Par les mille moyens de propagande occulte dont dispose le clergé, cette pétition circula dans le pays. On l’appela la pétition des évêques. Elle était habilement rédigée, parlant beaucoup de liberté, afin de faire illusion sur son inspiration réelle. Pour la soustraire aux critiques de la presse républicaine qui n’eût pas manqué d’en faire ressortir les traîtrises de langage, on ne la publia point. Le Siècle réussit cependant à s’en procurer un exemplaire [1]. Il montra que le droit du

  1. Il venait de Rennes et sortait de l’imprimerie Catel. En voici le texte :

    Messieurs les députés,

    Une propagande ardente, et qui s’est manifestée à la fois dans certaine presse et dans quelques-uns des conseils appelés à représenter les départements et les communes, s’agite et de-