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gnement rigoureusement laïque, c’est-à-dire neutre entre les diverses confessions religieuses ? Mais il avait paru au cercle parisien que poser ainsi la question dans toute sa plénitude du premier coup était bien hardi, que l’obligation, la gratuité admises et proclamées, la laïcité viendrait ensuite, comme la conséquence naturelle et forcée, et avec moins de luttes, par le progrès nécessaire des choses. L’essentiel, pour l’instant, était d’obliger chaque père de famille à faire instruire son enfant. Sur ce point, du moins, il ne semblait pas qu’il dût y avoir difficultés entre les esprits libéraux. C’était la sanction législative apportée à l’accomplissement d’un impérieux devoir du père de famille, qui doit à son enfant aussi bien la nourriture de l’esprit que la nourriture du corps.

Le parti clérical y mit moins de retenue. Il accusa immédiatement la Ligue de poursuivre un but anti-religieux. On vit se reproduire les mêmes hostilités qui avaient salué la Ligue à ses débuts ; mandements, sermons, articles de journaux, tout respira le même esprit ; ce furent les mêmes arguments. Cela pour l’œuvre de la Ligue considérée dans son ensemble. Sur la question même qui faisait l’objet du pétitionnement, le clergé cria à la violation de la liberté, au mépris des droits de la conscience, tout comme nous l’avons vu faire l’an dernier, comme nous le voyons encore aujourd’hui. Le droit du père de famille devint un thème habituel de dissertation