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et la ligue de l’enseignement

Le mouvement eut de suite dans les départements une ardeur singulière. On trouva dans la presse un concours empressé et des plus complets. Les journaux républicains reproduisirent le manifeste et recommandèrent chaleureusement à leurs lecteurs de s’associer au pétitionnement, s’offrant pour recueillir les signatures. La presse républicaine de Paris ne tarda pas non plus à donner son concours. Le mouvement prit alors les proportions dignes de la cause qu’il avait pour but de servir.

Mais si dès le premier jour le parti républicain s’émut favorablement, dès le premier jour aussi le parti clérical manifesta son hostilité. La lutte fut vive. Le parti clérical fit feu de toutes pièces. La question en jeu n’était-elle pas de celles qui lui tenaient le plus au cœur ? Non que l’instruction obligatoire lui parût une innovation bien dangereuse en elle-même ; mais c’était un premier pas dans une voie de réformes où probablement on ne s’arrêterait point de sitôt ; l’impulsion donnée constituait pour lui précisément le danger. Il combattit donc la demande d’inscription dans les lois du principe de l’obligation de l’instruction ; il combattit la gratuité. Ce fut pis encore quand le Siècle eut demandé la laïcité. La Ligue n’avait pas cru devoir aller jusque-là. Obligation, gratuité, laïcité, la formule se tient et est complète. Rendant l’instruction obligatoire, ne faut-il pas la rendre gratuite, et par suite l’État n’est-il pas tenu de distribuer un ensei-