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un vaste pétitionnement pour provoquer un changement de législation dans ce sens. Il ne fit pas adopter son projet sans peine. Les objections furent nombreuses. On était alors un peu partout sous le coup de l’affaissement moral qui suit immédiatement les grands désastres ; on doutait de ses propres forces ; pour peu que l’entreprise fût d’importance, on craignait de s’aventurer ; encore que le succès parût certain, on hésitait à y croire. Cette disposition d’esprit se manifesta avec force au comité du cercle parisien. On rappela le pétitionnement provoqué, en 1870, par le comité de Strasbourg ; les 350 000 signatures recueillies n’avaient pas même été déposées ; de tels efforts étaient donc vains. D’ailleurs, le ministre de l’instruction publique préparait un projet de loi sur la matière ; on allait recevoir satisfaction.

À cela Vauchez et les membres qui partageaient son opinion répondirent que si le pétitionnement de Strasbourg n’avait pas eu tout le succès attendu, c’est que la guerre était venue brusquement l’arrêter ; que nul moment ne pouvait être plus opportun pour le reprendre que le lendemain des désastres où les lacunes de notre instruction générale étaient si clairement apparues ; qu’un tel mouvement ne saurait que venir en aide au projet du ministre, si ce projet avait quelque chance de succès devant l’Assemblée ; que, dans le cas contraire, il donnerait tous les bons résultats d’un appel direct au pays.