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et la ligue de l’enseignement

devenus les adhérents ? L’œuvre était à reprendre par la base, comme au premier jour, avec plus d’obstination seulement, plus de zèle, plus de dévouement, parce que la tâche allait grandir et avec elle les difficultés à surmonter. C’est au cercle parisien, en effet, qu’allait revenir le soin de centraliser le mouvement ; il était le mieux placé pour le faire, le seul d’ailleurs qui le pût. On vit alors se révéler, avec une intensité vraiment admirable, tout ce qu’il y avait de courage, d’énergie, de patriotique intelligence chez Emmanuel Vauchez.

Mieux que personne, il comprit que, dans ce grand désarroi de toutes choses, il était nécessaire, pour redonner à la Ligue sa force et sa vitalité perdues, de s’appuyer non seulement sur une aspiration générale, comme le besoin d’instruction, mais sur une idée nette, précise, dont l’application immédiatement possible, l’utilité certaine frappât les esprits. En était-il une meilleure que celle, souvent exprimée dans notre pays, de l’obligation de l’instruction ? L’heure était propice pour la reprendre. Combien de fois n’avait-on pas répété, depuis la conclusion de la paix et pendant les six mois de poignantes angoisses que dura la lutte : nous sommes les vaincus de l’instituteur allemand ? N’était-ce pas l’occasion de dire au pays : pour prévenir le retour de semblable défaite, pour que l’instruction de chacun soit certaine, rendons l’instruction obligatoire ? Vauchez proposa au comité du cercle parisien d’entreprendre