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et la ligue de l’enseignement

presse, diversement commentée. L’Univers la trouva inspirée par un « sentiment excellent ». « Il est très vrai, dit le pieux journal que les ténèbres de l’ignorance seraient préférables cent fois à la lumière qui n’est que la lueur d’un sinistre incendie. Il est très vrai que nous souhaiterions voir disparaître le budget de l’instruction publique, s’il devait servir à alimenter ces brandons dévastateurs. » De tels commentaires, tout au début d’une œuvre qui ne s’était manifestée que par des dons en argent auxquels la meilleure volonté ne pouvait sincèrement reconnaître de caractère politique ou religieux, étaient loin de nuire. Ils mettaient en pleine lumière les ennemis que devait partout rencontrer la Ligue et leurs sentiments intimes. Le résultat, c’est que de l’autre côté, l’on sentait mieux la nécessité de se grouper, de se réunir. Le mandement de l’évêque de Metz, au lendemain de la constitution du cercle messin, avait ainsi amené l’élévation subite du chiffre des membres du cercle de 900 à 1 300. Dans le reste de la France, les foudres lancées par les évêques ne furent certainement pas étrangères à la création de certains cercles, à leur prospérité. Sans doute cela porta des passions hostiles là où aurait dû régner un sentiment de concorde, un commun désir de travailler au développement de l’instruction, et si la Ligue y gagna ici, elle perdit là. Mais en somme elle bénéficia d’une large publicité, et pour avoir peut-être un nombre total d’adhérents moins élevé, elle fut plus vivace, elle