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Il ne s’occupe pas moins d’illustrations ; il collabore à celle de l’Orlando Furioso, de Birmingham (1770-71), dont les dessins lavés à l’encre de Chine que nous avons vus sont de la plus brillante exécution ; il entreprend ceux des Comédies de Molière (1773), où il a compris d’une façon si intelligente dans ces personnages aux expressions vivantes et à la mimique animée, et si spirituellement traduit, la pensée de notre grand comique. Plusieurs de ces figures sont des portraits, le sien d’abord dans l’estampe du Sicilien, la seule gravée par lui ; puis les deux principaux personnages du dessin du Bourgeois gentilhomme qui passent pour représenter l’acteur Préville, que l’on retrouve encore dans la figure de l’Amour médecin, et Mme Bellecour. Il a de plus embelli ce livre en y gravant six fleurons pleins de goût pour chacun des titres. Quant aux costumes, Moreau a simplement reproduit ceux de son époque, tels qu’il les voyait portés au théâtre. Ses deux talents de dessinateur et de graveur se trouvent réunis de la manière la plus heureuse dans un autre livre, les Chansons de la Borde (1773), dont la partie qui lui appartient restera comme un chef d’œuvre du genre. Moreau a su faire en effet, en regard de ces chansons médiocres, agrémentées de la musique plus médiocre encore de ce favori de Louis XV[1] autant de petits tableaux rustiques ou

  1. Jean-Benjamin de la Borde, né à Paris le 5 septembre 1734, était premier valet de chambre du roi Louis XV et son favori et devint fermier général après la mort de ce prince. Il fut plusieurs