essentiel qu’il y ait entre eux la même harmonie, la même entente cordiale.
Ce n’est donc pas parce que le Président des États-Unis a plus de pouvoir que le roi d’Angleterre qu’il peut administrer le gouvernement, non pas à l’encontre de la loi, mais à l’encontre de l’opinion de la majorité du congrès sur quelques points secondaires : c’est au contraire parce qu’il en a beaucoup moins ; parce qu’il en a si peu que l’opposition qu’il pourrait faire à la loi ne serait d’aucune importance.
Là où le roi peut entraver sérieusement les Chambres, on n’a laissé au Président aucun libre-arbitre. Il n’a que la faculté d’obéir.
Ainsi donc, en dépit de l’opinion de cet honorable et savant Monsieur, il est vrai de dire qu’aux États-Unis la responsabilité gouvernementale est une réalité par le fait qu’elle est directe et définie ; et qu’en Angleterre, elle est, comme tout le reste, une fiction, une anomalie, par le fait qu’elle est indirecte, jusqu’à un certain point arbitraire, et n’atteint que des subalternes.
Quand au Canada, les mots « responsabilité gouvernementale » ont toujours été, et sont encore pour lui un non sens, un mensonge. On l’a maltraité avant 1837, on l’a berné depuis et on le bernera encore jusqu’à ce qu’il cesse de sourire complaisamment à tous ceux qui jugent à propos ou profitable de se moquer de lui.
Je reviendrai plus tard sur les conclusions que l’on peut tirer, les applications que l’on peut faire au Canada, des rapprochements, des comparaisons que je viens de développer, et je passe à l’examen de la condition industrielle des États-Unis.
Tous les jours, Messieurs, vous entendez dire, ou vous lisez dans les journaux que la prospérité des États-Unis est plus apparente que réelle. « Ils ont sans doute, dit-on, fait des progrès rapides, mais aussi ils ont des dettes énormes : le gouvernement fédéral a des dettes ; tous les États particuliers en ont, à l’exception peut-être d’un ou d’eux : plusieurs ont fait banqueroute. On y voit beaucoup de chemins de fer, mais ces chemins de fer ne paient pas, et sont un fardeau pour leurs actionnaires »…
Eh bien comme les adversaires de l’annexion sont princi-