chambres au moyen de son ministère, qui en fait partie, que les chambres ne contrôlent le roi ; ce qui fait qu’en définitive, dans les monarchies constitutionnelles, on n’obtient qu’une responsabilité boiteuse, équivoque, qu’un ministère tout à la fois malhonnête et habile, peut presque toujours rendre illusoire.
Aux États-Unis on s’est bien donné garde de déclarer le Président impeccable ou infaillible ; on ne l’a pas placé à la tête du gouvernement comme une fiction morale ; comme l’incarnation de la sagesse, de la justice, de la prudence, de la science, de la vertu : on ne l’a pas considéré comme un être purement passif ; tout au contraire, on a rejeté sur lui seul tout le fardeau de l’administration, toute la responsabilité de l’exécution de la loi. Si la constitution est violée, si le pouvoir législatif n’est pas obéi, ce n’est pas les ministres qu’on mettra en accusation, c’est le Président lui-même.
En Angleterre, si le roi refuse d’exécuter la loi, ou encore de sanctionner celles qui ont été passées par les deux chambres, son ministère résigne. Si malgré cela, le roi persiste, quel est le remède ? Les chambres ne peuvent rien sans lui ni sur lui, car il est leur égal et sa personne est inviolable. Ses mauvaises passions peuvent donc arrêter la marche du gouvernement, et si le conflit se prolonge, il faut que le peuple intervienne et fasse sentir au roi qu’il n’est rien après tout qu’un homme comme un autre.
Le roi est donc assez puissant pour qu’il y ait lutte sérieuse entre lui et les chambres.
Aux États-Unis, comme le Président ne peut empêcher la loi d’exister, et qu’il est sous le coup de moyens coercitifs s’il refuse de l’exécuter, son ambition personnelle ne peut avoir aucun résultat grave. Il ne peut pas lutter avec les chambres, car il leur est si inférieur en pouvoir qu’il ne peut jamais contrebalancer leur autorité.
Ainsi, c’est parce que le roi et les chambres sont deux pouvoirs égaux, qui se nullifient l’un l’autre quand ils se querellent, qu’il est essentiel que la bonne harmonie, l’entente cordiale existent entre eux.
C’est parce que le Congrès est le supérieur du Président et peut le forcer d’agir, et le punir s’il s’y refuse, qu’il n’est pas