Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/6

Cette page a été validée par deux contributeurs.

venance et d’intérêts avec une nation puissante, riche et libre.

Mais pour quelques Canadiens-Français, les circonstances avaient changé. Ce gouvernement responsable qui laissait la masse de la population dans la nullité et l’avilissement, avait répondu aux calculs de ceux qui l’avaient imaginé ; ce gouvernement avait séduit quelques hommes par l’appât de l’or et le prestige du pouvoir. L’intérêt de ces hommes n’était plus celui de la masse ; et ce qui pouvait donner le salut, la vie et le bonheur à la masse serait devenu la perte de ces hommes aux cœurs petits et à la tête vide.

Alors ces mêmes hommes qui s’étaient mêlés au mouvement insurrectionnel de 1837, se sont mis sur la brèche pour défendre la connexion britannique, contre leurs compatriotes, contre les colons-bretons, contre l’Angleterre elle-même.

L’Angleterre avait souvent déclaré par ses ministres et sa presse, que la connexion serait amicalement rompue, quand la colonie le voudrait ; — elle répétait encore la même chose.

Eh bien, ces déserteurs du camp sont venus crier au peuple qu’il courait à l’échafaud, qu’il courait au-devant du fer et du feu, en demandant une séparation paisible et amicale, dans les termes mêmes que l’Angleterre se disait disposée à accepter.

Le pays était poussé au cri de la séparation par la dépression et la misère qui l’étreignaient, par la honte d’une condition politique avilissante, par un système de gouvernement disloqué et pourri dans tous ses détails et son ensemble, par un système où les gouvernans se corrompaient infailliblement au contact du pouvoir, où le peuple était perpétuellement leurré et joué.

Eh bien, ces hommes sont venus dire au pays, et l’ont fait répéter par leurs presses et leurs claqueurs, que cette dépression et cette misère étaient imaginaires, que le pays jouissait de la plus grande somme possible de prospérité et de bonheur ; que notre condition politique était glorieuse et noble ; que notre système de gouvernement était solide et propre aux plus grandes choses ; que ceux de nos hommes publics qui avaient prêté la main au fonctionnement du gouvernement responsable, et eux entre autres, avaient gardé leur intégrité dans l’exercise du pouvoir et que leurs successeurs le pourraient aussi ; que personne n’avait menti au peuple, et que le peuple n’avait été ni leurré ni joué !!

En demandant la séparation, le peuple avait discuté les avantages d’une annexion avec le puissant peuple qui l’avoisine. Les progrès immenses et en tous genres qui s’étaient opérés et s’accomplissaient tous les jours chez ce grand peuple, l’état avancé de son éducation, le succès infaillible de toutes les entreprises publiques et privées, l’accroissement