Page:Dessaulles - Six lectures sur l'annexion du Canada aux États-Unis, 1851.djvu/52

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

« La masse entière de mes compatriotes en est encore à la langue du siècle de Louis xiv ! Le clergé et le peuple en sont encore aux notions politiques, aux croyances absolutistes du dix-septième siècle ! Dans nos collèges, hors du droit divin, il n’y a point de salut ! C’est faire un effort de caractère, c’est presque se compromettre que d’être aussi libéral que St. Thomas !

« Le peuple a bien le droit, dit-on, dans certains cas exceptionnels, de choisir ses gouvernants, mais il n’a jamais celui de faire une révolution, c’est-à-dire, de changer la forme de son gouvernement ! Une fois le corps social organisé, il ne lui reste plus qu’à se soumettre à un ordre de choses établi et conséquemment accepté par lui. Il s’est lié.

« En d’autres termes, il cesse d’être le maître, du moment qu’il en a exercé les pouvoirs, du moment qu’il a fait sentir qu’il l’était ! Il suffit qu’il ait une fois commandé pour que son droit soit détruit ! Par le fait de l’organisation du corps social, la partie devient plus que le tout, l’individu plus que la communauté, le membre plus que le corps, le gouvernail plus que le navire ! Ce ne sont pas les gouvernants qui sont responsables des révolutions, ce sont les gouvernés ! Si le délégué est injuste ou incapable, celui qui lui a donné le pouvoir doit souffrir et se taire ! Voilà le fond de notre enseignement ! Voilà comme on prépare nos enfants à l’esprit d’indépendance du citoyen ! !

« Depuis 1759, époque de la conquête du pays par cette nation dont ceux que l’on a récemment appelés NOS CHEFS paraissent porter la livrée avec tant de bonheur et d’orgueil, nous avons végété dans la torpeur, nous avons sommeillé sous la bienveillante tutelle des bienfaisants propriétaires du Canada. Nous avons toujours regardé les liens qui nous unissaient à l’Angleterre comme un décret providentiel, comme une chose sacrée à laquelle il n’était pas permis de toucher ! !

« La tentative d’unir les deux Canadas, en 1822 nous réveille enfin, et on remarque depuis un certain mouvement social ; les idées s’agrandissent ; les notions se rectifient ; le pays fait des efforts pour se préparer à un meilleur avenir, il comprend ses droits et veut les exercer ! Alors surviennent les malheurs de 1837, résultats du machiavé-