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Or, Messieurs, quel est, dans le monde, l’être qui offre, relativement, les mêmes caractères ? Quel est l’être qui, sur la terre, jouit au plus haut degré de l’indépendance réelle, qui possède une souveraineté de droit et de fait, qui broiera toujours toutes les résistances ? N’est-ce pas le peuple ?

C’est en ce sens, Messieurs, qu’il a été écrit que l’homme avait été fait à l’image de la divinité ! Et il ne faut pas chercher hors du fait de la violation de l’indépendance morale et naturelle de l’homme, l’explication de tous les cataclysmes politique qui ont bouleversé le monde, et qui ont plusieurs fois fait avancer l’humanité d’un siècle en un jour !

Plusieurs d’entre vous, Messieurs, ont déjà voyagé à l’étranger, et ont du par conséquent répondre à cette question : « De quel pays êtes-vous, Monsieur, » question sacramentelle entre voyageurs.

Eh bien, je le demande à ceux-là : ont-ils jamais ressenti beaucoup de plaisir, beaucoup de satisfaction personnelle, en répondant, « je suis Canadien ? » Leur a-t-il semblé, s’ils avaient à satisfaire la curiosité d’un Anglais, ou celle d’un Français, ou celle d’un Américain, qui comme fraction d’une nationalité, ils pussent se croire sur le même pied qu’eux ?

Pouvaient-ils mettre, dans leur réponse, cet accent indéfinissable, mais toujours parfaitement sensible, de fierté nationale ou même d’importance personnelle, qu’ils ont sans doute observé chez leurs interlocuteurs, quand, à leur tour ils leur ont posé la même question ?

Pouvaient-ils enfin, en répondant, « je suis Canadien, » se reporter mentalement aux gloires passées ou actuelles de leur patrie, et, comme le Français, l’Anglais, ou l’Américain, se flatter intérieurement de l’idée qu’ils étaient citoyens d’une des premières nations du monde ?

Non, Messieurs, à tout Canadien qui sort de son pays, cette satisfaction est refusée !

Quand nous sommes à l’étranger, nous nous sentons instinctivement rapetissés par notre condition de colons Anglais ! Nous sentons notre infériorité ! Tout ce que nous voyons, tout ce que nous entendons nous rappelle notre état de dépendance ! Parlons-nous de notre politique coloniale, de notre administration intérieure de nos luttes de parties, de nos changements de ministères, tout cela fait à un Anglais ou à