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avec sa métropole, réduit au néant l’opinion que la discussion publique sur les avantages qu’elles retireraient mutuellement d’une séparation à l’amiable, est séditieuse de sa nature.

Elle couvre de discrédit et de honte les auteurs des récentes destitutions ; tracasseries stupides exercées contre des hommes qui ont émis précisément la même idée que M. Gladstone, savoir : que notre séparation d’avec l’Angleterre était devenue légitime puisque notre connexion avec elle nous était devenue onéreuse.

Si le but des annexionnistes du Canada est légitime, Messieurs, et personne ne le conteste il doit y avoir des moyens légitimes pour arriver à ce but ! Or la discussion publique, accompagnée de l’engagement formel de ne pas recourir à la violence est indéniablement un moyen légitime ! Eh bien, voilà ce que nos profonds publicistes du ministère ont condamné !

Nos ministres responsables, nos monarchistes constitutionnels toujours bourrés de précédents du moyen âge, toujours empêtrés dans les antiques routines de la raison d’état, comprennent si bien leur rôle d’agents du peuple, comprennent si bien le droit constitutionnel Anglais, qu’ils défendent aux citoyens de penser et de dire qu’un changement politique est devenu désirable !

Qu’on sévît contre des hommes qui tenteraient d’effectuer ce changement par des moyens directs ou indirects d’agression physique, rien que de naturel, là dedans, rien que de juste ; et les ministres manqueraient à leur devoir en restant inactifs à la suite de voies de fait ! Mais destituer des citoyens irréprochables parce qu’ils ont émis leurs idées sur les moyens les plus propres à remédier aux maux existants, que les ministres eux-mêmes admettent en partie, et malgré le fait qu’ils ont explicitement recommandé à la population, de ne recourir, pour aucune considération, à des moyens violents ; voilà ce qui est totalement inexcusable, voilà ce qui entachera à jamais la mémoire de ces politiques qui ont flétri, dans d’autres temps, des actes de despotisme précisément analogues à celui qu’ils viennent de commettre, et qui n’ont déserté les rangs libéraux qu’après avoir gravi les degrés du pouvoir ! D’après M. Gladstone, les annexionnistes ne se sont trompés ni sur la question du droit, ni sur la question d’apro-